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pourquoi attendre son retour
si on sait qu’il ne reviendra pas
si on sait que si notre relation était une chanson, on serait au dernier refrain
si on sait que, même si on est dans le même lit, deux hectares nous séparent
à quel moment on a laissé ce champ d'artichauts grandir entre nous
et on a perdu nos cœurs là-bas
on est que des fainéants face à cette plantation fanée
sans force pour rentrer dans la boue
couchés et pleins de terre
on attend
l’été, deux corps et le lit n'a jamais été aussi froid

si c’est notre dernière nuit
on peut quand même célébrer

nos souvenirs comme de la musique
et nos pas de danse qui demain seront rouillés

je ne rigole pas
on peut tout faire pour la dernière fois

je retrouve tes mots entre mes draps
même si je ne veux pas les héberger

vérité I

hier

ils ont tout esquinté
tu m'as prévenu
avant d'ouvrir la porte
déterminé à vider la maison où nous avons vécu tout ce que nous avons vécu
votre romance
mon enfance
nos pertes
comme ça nous serons sûrs de ne pas être déçus une fois de plus
c'était peut-être à cause de l'impuissance devant une telle profanation
c'était peut-être parce que tu étais prêt à tourner la page
chaque meuble endommagé était un coup à notre mémoire
et chaque meuble que nous avons enlevé était une perte
d'un regard
d'un bisou
d'un à demain
tu es sûr?
je t'ai demandé devant chaque meuble
dans une tentative désespérée de maintenir
bien que détériorés
les scénarios dans lesquels nous avons traversé tout ce que nous avons traversé
dans une tentative de jouer à la machine à remonter le temps
et baisser le volume de la télévision
afin que tu ne saches pas que j'étais encore réveillé
et me faufiler dans ton studio à la vitesse de la lumière
pour ne pas détériorer tes photos
et préparer des chorégraphies
pour les montrer en cours d'éducation physique
et enquêter sur la sexualité avec deux poupées
pendant que les vers de Camela s'échappaient par la fenêtre du voisin
dans une tentative désespérée de brouiller la vue et d'évoquer
parmi tout ce désordre
à celle qui était et sera la femme de notre vie
tu es sûr?
c’était plus que trois mots
presque au rythme d'une procession
nous descendions les marches
en portant notre passé dans nos mains
je me demandais
où allaient finir ces morceaux de ce que nous étions
aujourd'hui obligés de faire naufrage
après avoir croisé des pirates
après avoir croisé le temps

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je vais dans l’isoloir
je tire le rideau
tu ne vois que mes pieds
qui s'élèvent un petit peu quand je crie
ces textes sont pour toi
je tire le rideau
je te demande
que s'est-il passé

ubuesque

écoute
on se connaît à peine
et mes pieds sont encore couverts de boue
mais putain
ton regard sur le mien c’est le big bang
je ne sais pas combien de règles on pourrait transgresser
mais pour une fois
on pourrait expérimenter
la liberté sans responsabilité

aujourd'hui